Peut-on réellement vivre de la création de mangas et combien les mangakas peuvent-ils gagner ? Au Japon, un mangaka peut potentiellement toucher plus de 2 000 000 ¥ par an (environ 15 000 €), soit environ 50 000 ¥ (370 €) par volume publié.
Le mangaka le plus rémunéré du Japon, Eiichiro Oda, aurait perçu près de 3 milliards de yens (soit environ 22 millions d’euros) l’année dernière.
Est-ce que cela signifie qu’être mangaka est un chemin facile vers la fortune ? Pas tout à fait. La majorité des mangakas ne dépassent pas les 2 millions de yens annuels (environ 15 000 €). Toutefois, avec l’avènement du numérique, il existe de nouvelles opportunités pour les artistes de vivre pleinement de leur passion.
Découvrons ensemble les dessous de l’industrie du manga et quelques secrets pour comprendre comment se rémunèrent les mangakas.
Combien peut gagner un mangaka ?
Certains mangakas peuvent gagner des sommes impressionnantes, mais cela reste rare. Selon des études salariales, le revenu médian pour un mangaka aux États-Unis est estimé à environ 65 000 dollars par an. En France, un tome est généralement rémunéré entre 8 000 et 18 000 euros, selon qu’il s’agisse d’un contrat de salarié, d’un travail en indépendant ou d’une rémunération basée sur les ventes.
Cependant, les gains des mangakas ne proviennent pas uniquement de leur salaire de base. Les redevances sur les produits dérivés (t-shirts, figurines, etc.) constituent une partie importante de leurs revenus. Lorsque leurs œuvres sont adaptées en anime, ces gains peuvent doubler.
Certains artistes ont connu un parcours long et difficile avant de lancer leur propre série. Beaucoup ont commencé comme assistants, avec un salaire d’environ 180 000 ¥ par an (environ 1 300 €).
Comment fonctionne la rémunération des mangakas ?
Il est rare qu’un mangaka soit salarié à plein temps par un éditeur ou une entreprise d’animation. En général, les mangakas sont payés pour un certain nombre de pages ou pour la publication d’un volume entier. Chaque contrat varie en fonction de la maison d’édition et des termes négociés.
Les mangakas doivent souvent présenter un projet abouti ou au moins un premier volume pour convaincre les éditeurs. Parfois, ils soumettent des story-boards ou des travaux antérieurs pour démontrer leur potentiel. Si leur manga devient un succès, les redevances sur les ventes de volumes peuvent considérablement augmenter leurs revenus.
Quand un manga devient un succès viral
Lorsque le manga d’un artiste atteint une large audience, les éditeurs sont souvent enclins à prolonger le contrat avec un meilleur taux de rémunération pour les volumes suivants. Toutefois, ce succès soudain peut aussi entraîner des complications juridiques et administratives, notamment en ce qui concerne les produits dérivés.
Certains mangakas n’ont pas négocié de redevances sur les produits dérivés, ce qui peut réduire leurs gains, tandis que les entreprises profitent de la commercialisation des personnages.
Négocier des contrats en tant que mangaka
Pour s’assurer une juste rémunération, les mangakas doivent être prêts à défendre leurs droits, surtout lorsque leurs œuvres sont adaptées en anime. Il peut être crucial de demander l’avis d’un avocat pour bien comprendre les contrats et obtenir des revenus équitables.
Bien que devenir mangaka offre des perspectives financières intéressantes, ce chemin est aussi incertain qu’une carrière de sportif professionnel, avec des hauts et des bas.
Différences entre mangakas indépendants et ceux sous contrat
Auto-publication vs publication traditionnelle
La publication traditionnelle, via des maisons d’édition comme Shueisha ou Kodansha, est encore aujourd’hui le chemin le plus emprunté par les mangakas. Un éditeur prendra en charge la distribution, la promotion et les coûts d’impression du manga. En contrepartie, le mangaka devra céder une partie de ses droits et sera soumis à un calendrier de publication strict. Cependant, l’exposition médiatique et la notoriété sont souvent supérieures pour un mangaka publié de manière traditionnelle.
D’un autre côté, l’auto-publication (ou doujinshi) offre beaucoup plus de liberté artistique et éditoriale. Grâce aux plateformes numériques comme Pixiv, LINE Webtoon, ou Tapas, les artistes peuvent publier leurs œuvres en ligne, sans passer par les éditeurs traditionnels. Cela leur permet de conserver l’intégralité de leurs droits et de gérer eux-mêmes leurs revenus. En revanche, la visibilité est plus difficile à obtenir sans l’aide d’un éditeur et il faut souvent investir dans la promotion pour toucher un large public.
Revenus complémentaires
Les revenus des mangakas ne se limitent pas aux ventes de mangas. Il est crucial de diversifier ses sources de revenus pour s’assurer un salaire stable :
- Produits dérivés : La création de t-shirts, figurines, posters ou autres articles à l’effigie des personnages de manga est une source de revenus importante. Certains mangakas créent même des collaborations avec des marques pour vendre des produits en édition limitée.
- Crowdfunding et abonnement : Des plateformes comme Patreon ou Fanbox permettent aux mangakas de recevoir des dons ou des paiements récurrents de la part de leurs fans. Cela peut inclure l’accès à des œuvres exclusives, des tutoriels ou des avant-premières.
- Ventes en ligne : Les mangakas indépendants peuvent vendre leurs œuvres directement sur des plateformes comme Gumroad ou Booth pour toucher des revenus sans intermédiaire. Cela fonctionne bien pour les artistes déjà bien établis avec une fanbase fidèle.
Les meilleurs mangakas du Japon
Le Japon reste le cœur de l’industrie du manga, avec les plus grandes maisons d’édition et magazines. S’installer à proximité des grandes villes comme Tokyo augmente les chances d’obtenir des contrats, mais le coût de la vie dans ces métropoles est élevé.
De nombreux mangakas débutent comme assistants pour acquérir de l’expérience et développer leurs compétences avant de se lancer en solo.
Mangakas internationaux : un chemin virtuel
Grâce aux avancées technologiques, de plus en plus d’artistes parviennent à travailler à distance, même depuis d’autres pays, et à percer dans le monde des mangas et des animes. Certains mangakas occidentaux ont débuté en travaillant pour des entreprises comme Marvel ou DC, avant de se tourner vers le manga. Ce parcours leur a permis d’acquérir une solide expérience dans l’industrie de la bande dessinée.
Le parcours d’Eiichiro Oda, mangaka le plus riche
Eiichiro Oda, créateur de One Piece, est aujourd’hui le mangaka le plus riche. Avec plus de 450 millions de volumes vendus, sa fortune est estimée à près de 200 millions de dollars. Ce succès phénoménal n’est pas le fruit du hasard. Depuis le lancement de One Piece en 1997, Oda continue à publier de nouveaux volumes et à captiver des millions de fans à travers le monde.
Être mangaka, une bonne idée de carrière ?
Le métier de mangaka n’est pas sans obstacles. C’est un choix de carrière qui demande une immense passion et un engagement total. Si vous rêvez de devenir mangaka uniquement pour la gloire et l’argent, il serait peut-être bon de revoir vos priorités. Mais si vous êtes passionné par l’art et la narration, cette carrière peut être extrêmement gratifiante.
Les mangakas les plus connus sont ceux qui n’ont jamais cessé de pratiquer leur art, qui ont commencé modestement et qui sont restés dévoués à leurs personnages et à leurs fans.
Des mangakas auto-publiés et virtuels
Aujourd’hui, les artistes n’ont plus besoin de passer par les éditeurs traditionnels pour connaître le succès. De nombreux mangakas ont su développer leur propre public en ligne grâce à des plateformes comme Patreon ou Fanbox. L’auto-publication offre une liberté inédite et permet aux créateurs de trouver un public de niche.
Les niches sont une excellente stratégie pour augmenter vos chances de réussite. Que ce soit la fantasy, la romance ou les thèmes surnaturels, se concentrer sur une niche peut vous permettre de bâtir une base de fans loyaux.
Il n’est donc pas surprenant que certains des meilleurs mangakas d’aujourd’hui gagnent des milliers de dollars par mois sur Patreon. En fait, certains des utilisateurs qui gagnent le plus d’argent sur Patreon sont des artistes d’anime et de manga.
Le manga est en soi une niche, et la réduire encore plus est un excellent moyen de maximiser vos sources de revenus.
Ainsi, pour répondre à la question de savoir si le métier de mangaka est une bonne idée de carrière ou non, la réponse dépend vraiment de ce que vous voulez faire de votre vie.
Voulez-vous rester à la maison et dessiner des mangas au lieu d’avoir un travail de bureau ennuyeux ? Ou bien voulez-vous faire le grand saut et devenir la prochaine grande superstar de l’anime et du manga ?
Dans tous les cas, il est plus que possible de gagner un revenu décent uniquement grâce à votre art. Cela ne veut pas dire que ce sera facile, mais c’est possible. Si vous êtes prêt à faire des efforts constants pour y parvenir, vous pourrez devenir un mangaka à plein temps.
Avec le grand nombre de créateurs de contenu dans le monde freelance d’aujourd’hui, les mangakas ont toute leur place.
Combien gagne un mangaka par volume ?
Voyons comment et pour quoi les mangakas sont réellement payés. Presque tous les mangakas commencent par publier un chapitre de leur manga à la fois dans un magazine de série ou une autre plateforme similaire.
Si l’histoire suscite suffisamment d’attention, ils recevront un contrat dans lequel leurs chapitres seront compilés en un seul volume ou un volume tankōbon.
Au départ, les artistes de manga sont généralement payés à la page pour leur manga. Ce prix varie en fonction de la notoriété du magazine, de la place accordée à l’histoire, etc.
Selon Medium, Shūhō a d’abord gagné environ 10 000 ¥ par page et on lui demandait de dessiner 80 pages par mois. Cela représente un total d’environ 8 000 dollars américains.
Cette somme peut sembler considérable, mais elle n’est en fait pas énorme et correspond à celle des mangakas qui débutent. Shūhō détaille les dépenses qu’il a dû soustraire de ce total, notamment ses assistants et son matériel. Après avoir soustrait ces dépenses, Shūhō s’en est sorti avec environ 1 300 dollars pour ses 80 pages dans Shonen Jump.
Pour son salaire personnel, ce n’est pas si mal. S’il vivait seul et dans un appartement plus petit, cela pourrait potentiellement suffire pour s’en sortir
Mais Shūhō ne s’est pas arrêté là dans sa carrière de mangaka. Ses revenus aujourd’hui ? Pour Say Hello to Black Jack, le mangaka gagne 35 000 ¥ (environ 300 $) par page. C’est une énorme différence par rapport à son premier manga.
Le plus drôle, c’est que le paiement de Shonen Jump ne couvre même pas les frais de ses assistants. La différence, cette fois, c’est qu’il reçoit des royalties, ce qui constitue probablement la majeure partie de ses revenus.
Être ou ne pas être
C’est assez fascinant de penser à la vie d’un mangaka. Adoré par ses fans, avec ses propres assistants personnels, ses livres se vendant à la seconde.
Le climat numérique actuel rend les choses un peu plus intéressantes pour les mangakas. Mais dans le même temps, il fait aussi de la carrière de mangaka une carrière tangible pour n’importe qui. Toute carrière impliquant l’art sera toujours sujette à certains défis.
Bientôt, vous serez en mesure de subvenir directement à vos besoins grâce à votre art. Vous pourriez même envisager de déménager au Japon si vous n’y vivez pas déjà. Vous y trouverez les contacts qui vous permettront d’aller encore plus loin dans votre art.
La route sera peut-être longue jusqu’à ce que vous voyiez l’un de vos personnages préférés en tant qu’article de merchandising ou un volume de votre manga sur l’étagère d’une librairie.
Mais aussi longue et sinueuse que puisse être cette route, le voyage en vaut la peine. Si la création d’un manga est votre passion, c’est aujourd’hui qu’il faut vous engager à faire ce que vous aimez.
Conseils pratiques pour ceux qui veulent devenir mangaka
Équipement et logiciels
Pour un mangaka, le choix du matériel est essentiel à la fois pour la qualité du dessin et pour la rapidité d’exécution. Voici quelques-uns des outils de travail les plus courants, qu’ils soient traditionnels ou numériques :
- Matériel traditionnel :
- G-Pen et Maru-Pen : Ce sont les plumes préférées des mangakas pour l’encrage de leurs œuvres. Le G-Pen est souvent utilisé pour dessiner les personnages et les Maru-Pen pour les détails fins.
- Papier Bristol : Un papier de haute qualité spécialement conçu pour l’encrage.
- Encres de Chine : Utilisées pour donner des traits nets et propres.
- Règles courbes et gabarits : Pour tracer des lignes précises, notamment pour les arrière-plans.
- Matériel numérique :
- Tablettes graphiques : La Wacom Cintiq est particulièrement populaire pour son écran intégré, permettant de dessiner directement sur la surface de la tablette avec une grande précision. Les tablettes iPad Pro associées à l’Apple Pencil sont aussi largement utilisées par certains mangakas pour leur portabilité.
- Clip Studio Paint : Ce logiciel est spécialement conçu pour la création de mangas et offre une large palette de pinceaux, d’outils d’encrage, et de fonctions pour la mise en page. Il permet également de dessiner rapidement des arrière-plans grâce à des modèles 3D intégrés.
- Photoshop et Procreate : D’autres logiciels comme Adobe Photoshop ou Procreate sont également populaires pour l’illustration, notamment pour les effets visuels et la colorisation.
Formation et apprentissage
Devenir mangaka nécessite bien plus que de bonnes compétences en dessin. Voici quelques recommandations pour les aspirants mangakas souhaitant se former :
- Écoles spécialisées : Au Japon, il existe des écoles de manga, comme le Tokyo Designer Gakuin College ou la Kyoto Seika University, qui forment spécifiquement les étudiants au dessin de manga. Ces écoles enseignent les bases du dessin, la composition de planches, la narration et l’utilisation des outils professionnels.
- Cours en ligne : Pour ceux qui ne peuvent pas s’inscrire dans une école traditionnelle, des cours en ligne comme ceux proposés par Udemy, Skillshare, ou YouTube offrent une excellente alternative. Des artistes renommés y partagent leurs conseils, techniques et astuces.
- Auto-formation : Beaucoup de mangakas se sont formés en autodidactes. Il est essentiel de pratiquer quotidiennement, d’observer et d’apprendre en étudiant des mangas existants. Travailler sur des fanarts ou des petits projets personnels peut aussi aider à développer son propre style.
Conclusion
Le métier de mangaka peut offrir une multitude d’opportunités. Que vous a